Moto et pollution où en est on ?
Avec l’arrivée des nouvelles normes Euro 4 en 2017 puis Euro 5 en 2020 pour les 2RM, l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a présenté la mise à jour de son évaluation précédente sur les 2RM qui datait de 2008 pour les consommations et émissions d’échappement de nos machines. Celle-ci fait référence auprès de pouvoirs publics contrairement à d’autres études plutôt partiales sur le sujet ou à la méthodologie contestable.
Pour cette étude, des motos et scooters récents de catégorie 125 cm3 et de catégories supérieures à 125 cm3 ont été évaluées sur des cycles représentatifs d’un usage réel sur un trajet quotidien de type domicile-travail. Qu’en ressort-il ?
En synthèse : il se confirme que les avantages de leur faible gabarit et de leur masse réduite confèrent aux 2RM un avantage important en terme d’efficacité énergétique et donc de consommation et d’émissions de CO2. Un 2RM peut contribuer à réduire les émissions de CO2 et se substituer favorablement à une voiture (hors covoiturage bien sûr). L’étude montre qu’hormis pour les 125 cm3 sur autoroute, les émissions polluantes d’échappement d’un 2RM, neuf et conforme à sa définition homologuée, sont du même ordre de grandeur que celles d’automobiles modernes.
Dans le détail, les résultats montrent :
Des niveaux de consommation de carburant en progrès depuis Euro 3 et nettement inférieurs aux valeurs automobiles. Les consommations les plus faibles sont celles des 125 cm3 (2,7 l/100 en moyenne), et elles augmentent logiquement pour les 2RM plus fortement motorisés sans dépasser 4,8 l/100 pour le modèle le plus puissant du panel (136 cv). Pour référence, la voiture essence Euro 6-d représentative du parc français consomme 8,1 l/100 pour le même trajet sachant que, dans les mêmes conditions de trafic, la voiture est plus sensible que le 2RM à la congestion de la circulation.
Les émissions de CO2 présentent logiquement les mêmes tendances que les consommations, entre 48 et 63 g/km pour les 125 cm3 et jusqu’à 107 g/km pour la moto la plus puissante, soit des valeurs entre le tiers et la moitié de celles d’automobiles représentatives de modèles récents sur le même trajet.
En ce qui concerne les émissions de polluants à l’échappement : les 125 cm3 restent de forts émetteurs de CO, 3 à 5 fois au-dessus d’une voiture à essence Euro 6. Ces surémissions apparaissent essentiellement lors de phases de conduite prolongée à pleine puissance (roulage à leur vitesse maximale comprise entre 90 et 110 km/h selon les modèles). Simultanément, on relève des niveaux élevés d’émissions de particules (en masse et en nombre, non réglementés pour les 2RM), respectant toutefois le seuil d’homologation automobile en masse de particules, mais pas en nombre. Les émissions d’hydrocarbures imbrûlés sont également fortes, en particulier à froid et dans les phases de roulage dynamique. En revanche les émissions de NOx restent maîtrisées, à un niveau proche de l’automobile Euro 6 à essence.
Pour les 2RM de plus forte cylindrée, ils présentent des émissions de CO inférieures à celles de l’automobile essence mais leurs émissions d’HC sont globalement supérieures (jusqu’au double pour les maxi-scooters) ou du même ordre (pour les motos). Les émissions de NOx des plus fortes cylindrées (> 900 cm3) sont inférieures à celles de la voiture essence. En revanche les niveaux de NOx constatés pour les cylindrées moyennes sont plus élevés, comparables aux voitures diesel Euro 6. En moyenne, les émissions de particules des cylindrées supérieures à 125 cm3 sont du même ordre de grandeur (en masse et en nombre) que celles des voitures essence Euro 6, et restent compatibles avec les seuils réglementaires automobile.
Quid des restrictions de circulation ? Les 2RM thermique récents (Euro 4 et Euro 5) sont labellisées Crit’Air 1 et leur circulation ne sera donc pas limitée à court terme dans les ZFE-m. Les 2RM de niveau inférieur (Crit’Air 2 à 4 ) sont antérieurs à 2017 (Euro 3 et antérieurs) et ils seront soumis à des contraintes en même temps que les automobiles diesel (Euro 2 mêmes pour les plus récentes Euro 6-d) et les automobiles à essence antérieures à décembre 2010 (donc 7 années plus anciennes). En théorie, cinq métropoles interdiront dès 2025 les 2 RM Crit’Air 2 à 4 : Paris, Lyon, Marseille, Rouen et Strasbourg. D’autres métropoles pourraient suivre …
L’étude a le grand mérite de remettre « les pendules à l’heure » quant aux supposés motards « vilains petits canards » pollueurs. Cependant, pour la FFMC il ne faut pas pavoiser sur ces résultats qui sont certes encourageants mais qui ne différencient pas suffisamment les 2RM du monde automobile et plus globalement de la problématique du moteur thermique.
Face aux restrictions de circulation, notre slogan « la moto est une solution pas une pollution » reste d’actualité. Les éléments de l’étude le montre. La demande de la FFMC auprès du gouvernement pour la mise en place d’une aide financière à l’acquisition d’un 2RM électrique ou d’un 2RM thermique Euro 4 ou 5 va dans ce sens. Et ce, indépendamment du projet actuel de contrôle technique moto.
De ce dernier, l’étude de l’ADEME en fait mention pour l’observation des évolutions en matière de pollution ! Donc attention ! Amis motards, pensez à la planète, conservez vos catalyseurs, vos sondes lambda, vos cartographies moteurs d’origine … et vos silencieux d’échappement.
Petit bréviaire :
CO : Gaz incolore et inodore, le monoxyde de carbone se forme lors de la combustion incomplète de matières organiques (gaz, charbon, bois, fioul et carburants).
CO2 : Gaz incolore et inodore, le dioxyde de carbone ou gaz carbonique est un composant naturel de l’air.
NOx : Composés d’azote et d’oxygène qui comprennent les gaz d’acide nitrique et de dioxyde d’azote. Ils sont produits principalement par la combustion des énergies fossiles.
Particules : Pour les véhicules récents, les particules hors échappement (PHE) émises par les systèmes de freinage, les pneumatiques ou les chaussées sont devenues largement prépondérantes par rapport aux émissions à l’échappement des véhicules essence et diesel équipés d’un filtre à particules.
HC : Hydrocarbure imbrulé. Composé organique contenant du carbone et de l’hydrogène résultant d’une combustion incomplète de carburant pétrolier.